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03 janvier 2024
Bertrand Gaume (9100)

Figure de proue - Entretien avec Monsieur Bertrand GAUME, Préfet de l’Essonne

À l’occasion du départ pour les Hauts-de-France de Monsieur Bertrand GAUME, préfet de l’Essonne, la section 91 de la Société des Membres de la Légion d’honneur (SMLH) a souhaité lui rendre hommage en publiant cet entretien récemment réalisé avec lui.

Qu’il soit ici remercié pour son précieux soutien aux initiatives de la SMLH menées, en particulier, en faveur de la jeunesse !

Comment vous reconnaissez-vous dans les valeurs de la SMLH ?

J’ai vécu ma nomination dans l’Ordre de la Légion d’honneur comme un véritable hommage et comme le témoignage d’un parcours républicain. Issu d’une famille populaire du centre de la France -à Clermont-Ferrand, -père cheminot, mère employée municipale-, ma famille m’a communiqué des valeurs qui font écho en moi à la SMLH, dont je suis membre.  

Ce sont les valeurs d’engagement, d’effort ; une capacité à s’intéresser aux autres et à agir pour le bien commun ; en un mot, à s’engager, comme le révèle la lecture de la très intéressante revue de La Cohorte.

J’ai en quelque sorte contracté une forme de « dette » envers la République qui a bien voulu reconnaitre mes mérites en m’attribuant cette distinction : je dois lui rendre ce qu’elle m’a permis d’avoir, par cet engagement citoyen et professionnel.

Comment se sont forgées ces valeurs au cours de votre parcours personnel et professionnel ?

J’ai découvert ma vocation pour le métier de préfet pendant mon stage ENA qui s’est déroulé dans le territoire de Belfort. Ce qui m’a immédiatement séduit, c’est l’approche terrain au plus près des réalités que vivent nos concitoyens. J’ai délibérément refusé, en accord avec mon épouse, d’être “célibataire géographique” et je me suis à chaque fois installé en province avec femme et enfants pour vivre un véritable enracinement.

Mes affectations successives m’ont permis de découvrir des départements aussi variés que différents les uns des autres, d’abord en qualité de directeur de cabinet à Besançon et à Bordeaux auprès des préfets de région de Franche-Comté et d’Aquitaine, puis en tant que préfet de Corrèze en 2015, du Vaucluse en 2018. Nommé préfet ici août 2022, je suis devenu essonnien... Ces expériences de terrain ont été vécues en alternance avec des missions à l’échelon central au Ministère de l’Intérieur, au bureau des cultes et dans des cabinets ministériels.

Qu’entendez-vous par le goût pour « l’approche terrain « ?

Ce goût pour le concret me vient de mon enfance qui s’est écoulée en Région Rhône-Alpes, en milieu rural… mais il se combine avec les valeurs républicaines profondément ancrées en moi. Car ce métier de préfet a une dimension très singulière en termes de présence sur le terrain et de contacts avec les autres.

Ma première initiative, quand je suis nommé dans un département, est de partir à la découverte de ceux qui font les territoires, pour les aider. Cela signifie être présent sur les territoires, avec pour objectif d’œuvrer pour la cohésion nationale et d’aller au contact de ceux qui font les territoires, à travers les métiers les plus sophistiqués tels que ceux de la recherche, ceux des grandes entreprises ou encore ceux qu’on appelle « l’intelligence de la main », les artisans, les boulangers etc.

Comment ces valeurs s’incarnent-elles sur le terrain ? Avez-vous des priorités ?

Il est essentiel de donner un sens à ses actions, à adopter en quelque sorte un point de vue en surplomb.

En termes de priorité, cela signifie tout d’abord renouer et continuer à tisser les liens entre la population essonnienne et notamment la plus jeune, et l’ensemble des services publics, et en particulier avec la police, la gendarmerie ou les pompiers : un travail de longue haleine fait de rencontres, de médiations, d’intermédiations.

Cela signifie aussi travailler avec autant d’attention et d’abnégation à la mise en cohérence entre toutes les composantes et dimensions du département, en vue de territorialiser les politiques publiques. L’Essonne est une véritable « petite France » : voyez le plateau de Saclay qui concentre près de 40% de la Recherche nationale, les zones urbaines sensibles, l’espace rural qui occupe également une place très importante !

Venir enfin en soutien auprès des aux agents publics les plus exposés au quotidien, ainsi que tous les agents du service public, qu’ils dépendent du préfet ou non.

En 2024, les Jeux Olympiques sont-ils un événement marquant de l’Essonne ?

L’année 2024 sera marquée en Essonne par les Jeux Olympiques, même si aucune compétition ne s’y déroulera. Il accueillera la traversée de la Flamme Olympique ainsi que des centres de préparation aux jeux dans diverses localités de l’Essonne, telles que Sainte Geneviève-des-Bois, Vigneux-sur-Seine ou Mennecy, avec des équipes de judo du Brésil, du Sénégal ou du Japon. Et en particulier le laboratoire anti-dopage des JO qui sera situé en Essonne, avec ses données sensibles. Il y aura également des zones de célébration avec des moments collectifs au stade Bobin de Bondoufle et à la base de loisirs d’Etampes.

En conclusion, si vous deviez définir le fil rouge de votre parcours, que retiendriez-vous ?

S’il fallait identifier un fil rouge dans mon parcours, je dirais que c’est le lien social, qu’il faut renforcer encore et toujours et le volet le plus important de notre devise républicaine, la Fraternité à travers laquelle, - et cela, on le constate dans tous les domaines de l’activité humaine-, on découvre que le maillon le plus important d’une chaîne est souvent le plus faible, parce qu’il peut casser. Il faut donc porter une attention particulière à celles et à ceux qui sont les plus faibles et les accompagner, comme vous le faites avec les stagiaires de l’Ecole de la 2ème Chance.

 

Entretien réalisé le 3 janvier 2024 par Clara et Paul CARRIOT



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